1,2 milliard d’euros. C’est le montant des indemnisations versées chaque année pour les dégâts des eaux en France. Pas besoin d’un ouragan pour voir la vie chamboulée : parfois, un simple joint défectueux déclenche une avalanche de complications. Locataire, propriétaire : qui doit déclarer, qui paie, qui répare ? Les réponses ne tombent pas du ciel, mais elles existent, précises, tranchées, et bien moins floues qu’on ne l’imagine.
Dégât des eaux en location : comprendre les enjeux pour locataires et propriétaires
Quand un dégât des eaux surgit dans un logement en location, la répartition des devoirs n’est jamais laissée au hasard. D’un côté, le locataire gère l’entretien courant, changer un joint, surveiller la chasse d’eau, veiller à l’état de la robinetterie. De l’autre, le propriétaire bailleur doit fournir un appartement salubre, aux installations fiables. Ce partage, dicté par la loi du 6 juillet 1989, prend tout son sens face à un sinistre.
Impossible pour un locataire d’échapper à l’assurance habitation. Cette police couvre les dégâts des eaux, l’incendie, l’explosion : autant de risques qui, sans protection, tournent vite au casse-tête financier et juridique, surtout si des voisins ou parties communes sont touchés. Le propriétaire n’est pas spectateur : il dispose de l’assurance PNO (propriétaire non-occupant), précieuse si le logement reste vide, si le locataire n’est pas assuré, ou si l’assurance du locataire ne couvre pas tout.
Voici comment s’articulent concrètement les rôles de chacun :
- Locataire : il prend en charge l’entretien courant, souscrit une assurance habitation et règle les réparations dues à un défaut d’usage ou d’entretien.
- Propriétaire bailleur : il veille à la solidité et à la conformité du bien, et intervient pour les réparations relevant de la vétusté ou d’un vice de construction.
Depuis la loi Alur, tout propriétaire en copropriété doit d’ailleurs avoir une assurance PNO. Mais dans la vie réelle, la gestion d’un dégât des eaux repose sur la capacité de chaque partie à tenir son rôle : bien entretenir, déclarer sans traîner, suivre les réparations. Si l’immeuble est en copropriété, le syndic entre souvent dans la danse, surtout lorsqu’une fuite prend racine dans les parties communes ou s’y propage. Et attention : la rapidité de l’indemnisation et la répartition des charges dépendent aussi du contrat d’assurance, de l’état des installations, ou du sérieux de l’entretien.
Qui est responsable selon l’origine du sinistre ? Cas pratiques et explications
Avant de chercher un coupable, il faut remonter à la source. La responsabilité d’un dégât des eaux se détermine toujours en fonction de l’origine de la fuite. Chaque situation redistribue les cartes entre locataire, propriétaire bailleur, et parfois la copropriété.
Quelques cas concrets illustrent cette mécanique :
- Une fuite apparaît au niveau du joint de la machine à laver ? Ce type d’usure fait partie de l’entretien courant : le locataire s’en occupe. L’assurance habitation couvre les dommages dans le logement et chez les voisins, mais le remplacement du joint reste à ses frais.
- Une canalisation cachée sous le plancher cède, la vétusté est en cause ? C’est au propriétaire bailleur de prendre la main. Il engage les réparations et, si besoin, sollicite son assurance PNO.
- Le sinistre part d’une gaine technique ou d’une colonne montante ? Là, il s’agit de parties communes : la copropriété, donc le syndic, informe l’assurance de l’immeuble.
En pratique, chaque détail compte. Une négligence d’entretien ou une utilisation inadaptée fait basculer la responsabilité vers le locataire. À l’inverse, une installation ancienne, un défaut de construction, ou une canalisation inaccessible relèvent du propriétaire ou de la copropriété.
Depuis la mise en place de la convention IRSI entre assureurs, l’indemnisation va plus vite : chacun prend en charge son assuré, puis les compagnies ajustent entre elles. Pour les voisins victimes, fini l’attente interminable de l’expertise : ils sont indemnisés sans délai, à condition que la cause soit identifiée. Cette convention limite les conflits, mais tout repose sur la bonne identification de la source du dégât.
Qui paie quoi ? Répartition des frais et prise en charge par les assurances
Lorsque l’eau s’invite là où elle n’a rien à faire, savoir qui règle la note devient la priorité. La convention IRSI (jusqu’à 5 000 € HT par local) encadre la gestion entre compagnies d’assurance. En clair : l’assureur de l’occupant, locataire ou propriétaire, paie les dégâts dans la majorité des cas. Pour des dommages matériels inférieurs à 1 600 € HT, l’indemnisation se fait directement. Au-dessus, une expertise commune se met en place pour affiner la répartition des responsabilités.
La prise en charge dépend de la nature et de la cause des dégâts. Voici comment s’organisent les remboursements :
- Le locataire règle les réparations liées à l’entretien courant ou à un usage inadapté (robinetterie, flexible, joints). Son assurance habitation couvre les dégâts dans le logement et chez les voisins.
- Le propriétaire bailleur intervient pour la vétusté, les canalisations encastrées ou les vices de construction. L’assurance PNO complète l’indemnisation si le logement est inoccupé ou si le locataire n’est pas assuré.
- Pour les parties communes, c’est la copropriété, via le syndic, qui active sa propre assurance.
La question de la recherche de fuite n’est pas à négliger : certains contrats la couvrent totalement ou partiellement, d’autres non. Avant toute intervention, mieux vaut vérifier ses garanties pour éviter les mauvaises surprises.
Quant au relogement du locataire, il n’est pas systématique : il dépend du contexte, notamment d’une éventuelle négligence du propriétaire. Côté indemnisation, les compagnies ne dépasseront jamais la valeur réelle des biens endommagés. Si le montant ne convient pas, il reste possible de demander une expertise contradictoire pour défendre ses intérêts.
Les démarches essentielles pour bien déclarer un dégât des eaux
Agir vite, c’est la règle d’or. Dès la découverte du sinistre, contactez votre assureur sans tarder, idéalement dans les cinq jours ouvrés. Cette obligation concerne tout le monde : locataire, propriétaire occupant, bailleur via l’assurance PNO si le logement est vide. Rapidité rime ici avec efficacité : plus tôt l’assureur est informé, plus vite il peut intervenir et limiter les dégâts.
La procédure commence, le plus souvent, par le constat amiable « dégât des eaux ». C’est un formulaire à remplir à deux : l’occupant du logement sinistré et, si besoin, le voisin concerné ou à l’origine de la fuite. On y note l’origine supposée, la description des dommages, les coordonnées de chaque personne impliquée. Pour un immeuble collectif, le syndic intervient aussi. Si la cause du sinistre reste floue, les assureurs peuvent organiser eux-mêmes une recherche.
Pour renforcer votre dossier, rassemblez tous les éléments de preuve : photos des dégâts, factures, devis, échanges écrits avec les parties concernées. Un dossier bien ficelé simplifie la tâche de l’expert mandaté par l’assurance pour estimer l’étendue des pertes.
Ne laissez rien au hasard : envoyez votre déclaration de sinistre par courrier recommandé ou via l’espace client en ligne de votre assureur. Gardez une copie de chaque document transmis. Cette rigueur fait la différence : elle facilite l’indemnisation et accélère la remise en état de votre logement.
Au final, dans la gestion d’un dégât des eaux, tout se joue dans la réactivité, la clarté des démarches et la capacité de chaque acteur à assumer son rôle. L’eau ne prévient pas, mais face à elle, chacun peut éviter la noyade administrative.


