Passage du statut LMNP au LMP : les deux conditions essentielles

Le seuil de recettes locatives franchi ou l’affectation du foyer fiscal à une activité principale bouleversent automatiquement la qualification de loueur en meublé. Depuis 2024, la loi a supprimé la condition d’inscription au registre du commerce et des sociétés, modifiant profondément les critères applicables.

L’administration fiscale surveille la réunion précise de deux conditions. La bascule vers le statut de loueur professionnel entraîne alors des conséquences immédiates, qu’il s’agisse d’imposition, de gestion des déficits ou d’assujettissement aux prélèvements sociaux.

Comprendre les statuts LMNP et LMP : deux régimes pour la location meublée

Louer un logement meublé, que ce soit épisodiquement ou dans le cadre d’une véritable stratégie patrimoniale, implique de trancher entre deux régimes bien distincts : le LMNP (loueur en meublé non professionnel) et le LMP (loueur en meublé professionnel). Ce choix ne se limite pas à une formalité administrative : il détermine la façon dont vos revenus locatifs seront imposés, et influe directement sur la manière dont vous pilotez vos investissements.

Le LMNP s’adresse aux bailleurs pour lesquels les recettes locatives annuelles ne dépassent pas 23 000 euros, ou restent inférieures à l’ensemble des autres revenus d’activité du foyer. Avec ce statut, deux options fiscales s’ouvrent : le micro-BIC, qui applique un abattement forfaitaire de 50 % sur les loyers encaissés, ou le régime réel, permettant d’amortir le bien et de déduire les charges. Simplicité des démarches, fiscalité allégée : ce cadre reste privilégié par de nombreux investisseurs.

Mais dès lors que les recettes locatives franchissent le cap des 23 000 euros et deviennent la ressource principale du foyer fiscal, le statut LMP s’impose. Le loueur en meublé professionnel entre alors dans une autre dimension : la déduction des charges et l’amortissement du bien sont toujours possibles, mais le régime social change, la gestion du déficit se complexifie et la plus-value à la revente se retrouve soumise à d’autres règles. Le tout, sous le regard attentif du fisc.

Pour vous aider à cerner les grandes différences, voici ce qui distingue concrètement les deux régimes :

  • LMNP : gestion plus souple, fiscalité allégée, attractif pour les particuliers souhaitant rester dans un cadre simple.
  • LMP : obligations plus lourdes, fiscalité de professionnel, exposition directe aux cotisations sociales.

Le choix entre micro-BIC et régime réel BIC n’est jamais anodin. Il dépend de la composition de vos revenus, de la durée sur laquelle vous envisagez de conserver le bien, et du mode de financement retenu. Opter pour la location meublée professionnelle ne revient pas à cocher une case de plus sur une déclaration : c’est un engagement patrimonial et social qui change la donne pour tout le foyer.

Quelles sont les conditions à remplir pour passer de LMNP à LMP ?

Deux critères bien précis dictent le passage du statut LMNP au statut LMP. D’abord, il faut que les recettes locatives annuelles hors taxes issues de la location meublée dépassent 23 000 euros sur l’année civile. Ce montant s’apprécie à l’échelle du foyer fiscal : chaque location meublée exploitée en nom propre ou en indivision entre dans le calcul.

La seconde condition, plus structurante encore, tient à la source principale de revenus. Les recettes locatives doivent surpasser le total de tous les autres revenus d’activité imposables du foyer : salaires, BIC, bénéfices non commerciaux, etc. C’est à ce stade que s’opère la réelle séparation entre investisseur occasionnel et professionnel de la location meublée.

Dès lors que ces deux critères sont réunis, le passage en LMP se fait automatiquement sur le plan fiscal. L’inscription au registre du commerce et des sociétés (RCS) n’est plus exigée depuis la réforme de 2020. En revanche, il faut désormais déclarer l’activité et produire une liasse fiscale adaptée. Et ne négligez pas la CFE (cotisation foncière des entreprises) : même un bailleur particulier y est soumis.

Pour éviter tout faux pas, il est prudent de se tourner vers un expert-comptable. Spécialiste du sujet, il saura fiabiliser votre déclaration, anticiper les conséquences sur le plan comptable, et optimiser la gestion de votre patrimoine. Ce changement de statut loueur meublé engage toute la responsabilité fiscale et sociale du foyer : mieux vaut maîtriser chaque rouage pour avancer sereinement.

Clés d appartement et documents sur une table en bois

Conséquences fiscales et sociales : ce que le changement de statut implique concrètement

Passer du LMNP au LMP, ce n’est pas seulement changer d’étiquette : c’est accepter des transformations qui touchent à la fois la fiscalité et la protection sociale. Le propriétaire voit son revenu locatif soumis, comme auparavant, à la catégorie des BIC (bénéfices industriels et commerciaux). Mais désormais, le déficit généré par l’activité de location meublée professionnelle devient imputable sur l’ensemble du revenu global, ce qui peut représenter un avantage de taille pour les foyers aux revenus élevés.

La fiscalité des plus-values immobilières évolue également. En LMP, la vente du bien relève du régime des plus-values professionnelles. Après cinq ans d’activité, et sous réserve de respecter certains plafonds de recettes, une exonération totale peut s’envisager. Rien de comparable à la fiscalité des particuliers, qui prévaut sous le statut LMNP. Quant à l’IFI (impôt sur la fortune immobilière), le bien meublé reste inclus dans la base taxable en LMP, contrairement à d’autres activités commerciales.

Sur le volet social, le changement de statut entraîne l’application des cotisations sociales sur les recettes locatives, remplaçant les prélèvements sociaux (CSG/CRDS) du LMNP. Selon le volume des recettes, le bailleur bascule soit dans le régime général, soit vers la Sécurité sociale des indépendants. Cette nouvelle donne vient directement impacter la rentabilité nette de l’opération.

Voici les principaux points à surveiller après la bascule :

  • Fin du micro-BIC pour une partie des investisseurs, au profit du régime réel simplifié : amortissement, déduction des charges et intérêts d’emprunt restent accessibles.
  • Nécessité de produire une liasse fiscale professionnelle et de tenir une comptabilité plus rigoureuse.

S’aventurer dans la location meublée professionnelle, c’est ouvrir la porte à de nouveaux leviers fiscaux, mais aussi à des contraintes inédites. Le chemin n’est pas linéaire : il impose de faire des choix éclairés, de s’informer, parfois de se faire accompagner. Une chose est sûre : dès que les compteurs s’affolent, le statut change, et avec lui, toute la vie de l’investissement locatif.

Plus de contenus explorer

Interdiction de construire en zone U: qu’est-ce qu’un plu peut décider ?

En 2023, plusieurs communes françaises ont voté des interdictions totales ou partielles de construire en zone urbaine classée U par leur plan local d'urbanisme

Trouver un logement rapidement : astuces et stratégies efficaces

Un bail signé en 48 heures dans une grande ville française ? L'idée paraissait utopique il y a quelques années. Aujourd'hui, les plateformes les